Bajir se tait. Soch’é pèse son poids sur son épaule. Le sang sur son front sèche. Tout le monde s’est calmé. Ils avancent à deux le long des voies du train, ce qui est illégal. Je ne sais pas, pense Bajir, ce que ferait la milice si la milice nous trouvait là en plein milieu de la nuit. Il n’a plus assez d’argent sur lui pour les tirer d’affaire si besoin, et il en veut à Soch’é de l’avoir mis dans cette situation.
— Rends-toi compte.
C’est peine perdue.
Ce n’est pas Bajir qu’on a dénoncé, c’est ce garçon. Un homme a appelé la milice pour dire la chose suivante :
— Il est devant un magasin de télévisions. Il se tape la tête contre une vitrine remplie d’écrans éteints. Le verre se fend, faites quelque chose.
Tout en saignant, le garçon répète en bredouillant les seuls mots qu’il sait dire : tout est oublié.
Les chiens aboient, la caravane passe, et le journal de mars est dans vos boîtes aux lettres électroniques ainsi que là :
https://mailchi.mp/52e43ce2ed57/fuir-est-une-pulsion-journal-de-mars
"Après en avoir ingurgité une il en ingurgite trois. C’est bien ce qu’il lui semblait. C’est pas de la dope c’est des amandes."
Pendant l'écriture de son roman Sœur(s), Philippe Aigrain avait prévu des passages qui finalement n'ont pas été inclus dans le livre. Après les avoir rassemblés, les voici sous forme de feuilleton à paraître chaque jeudi. Merci à @remue de les accueillir !
Né dans la Loire un peu après Tchernobyl. Écrit & traduit des trucs. Derniers livres : Accident de personne, Othello. Vers velvet, Pou.