Ce dimanche, on résume le livre III d'Ab Urbe Condita de Tite-Live !
Dans l'épisode précédent, patriciens et plébéiens se disputaient sur des lois de redistribution des terres. Comment la lutte sociale va-t-elle évoluer ? Rome est-elle à l'abri d'une petite tyrannie de plus ? Et ce livre va-t-il contenir l'une des légendes les plus authentiquement patriarcales que j'ai pu lire CW CW CW ?
Tite-Live, livre III, un THREAD
Mais avant toute chose, vous pouvez retrouver les épisodes précédents ici :
> livre I, épisode 1 : fondation(s)
https://mastodon.top/@hist_myth/112792214027813066
> livre I, épisode 2 : révolution
https://mastodon.top/@hist_myth/112831548405415415
> livre II, épisode 1 : sécession
https://mastodon.top/@hist_myth/112916453684941402
> livre II, épisode 2 : agitation
https://mastodon.top/@hist_myth/112944904603090808
Donc ! Nous sommes vers 467 avant notre ère, et pour faire la transition avec le livre II Rome débat d'une loi agraire, vous savez, ces lois de redistribution des terres que prônent les tribuns, représentants de la plèbe jugé sacrosaints (= si vous les touchez la plèbe vous *démonte*). Un consul est pour, les patriciens grognent que c'est trop démago, et l'autre consul propose de distribuer des terres d'Antium, qu'on vient de conquérir sur les Volsci. Motion adoptée.
Les Romains, ça leur plaît moyen d'aller à Antium, genre on distribue des maisons gratos aux habitants du 9-3 sauf qu'elles sont à Guéret, 2-5. Il y a donc peu de plébéiens qui en profitent, ce qui fait soupirer Tite-Live sur l'inconstance humaine.
Car, j'en profite pour le rappeler, Livounet va nous décrire la lutte entre patriciens et plébéiens avec un parti pris un peu curieux, plutôôôt pro-patricien (mais pas toujours).
Autre invariant : Rome est toujours en guerre avec ses voisins.
C'est un feu roulant de luttes contre les Aequi, les Volsci et les Sabini (cf. carte ci-dessous), et pour simplifier ce thread je vous propose de résumer/sauter les récits de bataille, sauf quand ils sont cool, bien entendu.
Exemple : 465-464, baston avec les Aequi, gagnée par le consul Quinctius.
463 : pillages des Aequi et des Volsci chez les Hernici et sur le territoire romain, Rome ne peut riposter à cause d'une grosse épidémie.
462: baston avec les Aequi et Volsci et victoire romaine +++.
Cependant, un tribun de la plèbe, Caius Terentilius Harsa, arriva un beau jour de 462, alors que le consul Lucretius finissait sa grosse victoire sur les Aequi.
– Bonjour, je suis Terentilius, et j'ai un projet de loi, la loi Terentilia.
– Bonjour, nous sommes les patriciens, c'est quoi ta loi ?
– Vous savez comment vous patriciens vous êtes les seuls à connaître le droit à Rome et donc à rendre la loi et à définir les pouvoirs des magistrats ?
– Hum hum, on voit pas le problème.
– Ben je propose qu'on nomme 5 gens qui vont écrire et publier le droit.
– Ah.
– Et qu'ils réglementent le pouvoir des consuls, qui est trop abusé.
– Ah.
– Et pendant que les consuls sont partis guerroyer, je vais tenir des discours incendiaires en public à ce sujet, à en faire paraître Méluche et Chikirou pour Bayrou et de Courson.
– Ah.
– Ca vous va si je fais voter par l'assemblée du peuple ma loi qui a 99,99 % de chances de passer ?
– Tu préfères pas qu'on ait tous piscine ce jour-là ?
Le projet de loi Terentilia, énorme pavé dans la mare, déclenche une réaction patricienne extrêmement violente. Les patriciens accusent les tribuns de piège, de trahison, de vouloir livrer la ville à l'ennemi. Et surtout, pendant presque DIX ANS, ils usent de tous les prétextes pour empêcher la loi d'être votée. Ils obligent à attendre le retour des consuls. Ils obligent à attendre le triomphe d'un consul vainqueur. Ils prétextent des prodiges qui interdiraient tout trouble politique.
Ils parlent, bien sûr, d'attaques des Aequi et des Volsci, de possible sécession de la colonie d'Antium, et que ce soit vrai ou faux les tribuns de la plèbe font de l'obstruction aux opérations de recrutement, avec bagarresà la clé.
Tous les jours, les tribuns de la plèbe présentent la loi aux comices tributes.
Tous les jours, les patriciens font échouer le vote. Car ils ont un truc.
À Rome, on vote par groupe, ce qui implique que les électeurs se déplacent pour se répartir dans l'assemblée.
Quand les tribuns de la plèbe veulent soumettre leur loi au vote, les patriciens, surtout les plus jeunes, refusent de se lever, font de l'obstruction physique, et quand on veut les saisir de force, ripostent. À coups de poing.
Un jeune patricien, que Livounet décrit comme grand, fort, brave et beau, Kaeso Quinctius, est spécialiste de la castagne aristocratique.
C'est un peu la gueule de Gosling et le corps de Riner avec l'esprit du GUD.
Je suggère qu'on l'appelle KQ.
@hist_myth (ah bon, y'avait des "K" dans les noms romains ?)
@aaribaud Oui ! Devant les A. C'est une vieille orthographe qui a disparu au fil du temps. Ainsi on pouvait écrire Caesar ou Kaesar.
@hist_myth C'est ce K qui a survécu dans Kaiser, ou bien est-ce un "K germanique" qui a remplacé le C de "caesar" ?
@aaribaud Je pense que c'est un K germanique, ou plus exactement, l'orthographe de l'allemand étant très rationnelle, le son [k] est toujours transcrit par la lettre K.