Que faire quand, après vous être castagné.e avec tous vos proches voisins, vous devenez une puissance régionale assez forte pour vous fritter avec vos voisins lointains ? Se lancer dans une diplomatie douteuse ? Vous fâcher avec vos plus anciens alliés ? Cultiver un patriarcat flippant ?
Si ces problèmes sont les vôtres, félicitations : vous êtes Rome au IVe siècle et ce soir, on parle de vous.
Tite-Live, livre VIII, un THREAD
#MythologieRomaine #EnfinHistoireRomaine #EnfinOnSaitPasTrop
Mais d'abord retrouvez là-dessous les épisodes précédents :
I-1 : https://mastodon.top/@hist_myth/112792214027813066
I-2 : https://mastodon.top/@hist_myth/112831548405415415
II-1 : https://mastodon.top/@hist_myth/112916453684941402
II-2 : https://mastodon.top/@hist_myth/112944904603090808
III : https://mastodon.top/@hist_myth/113101780632236224
IV : https://mastodon.top/@hist_myth/113228240194306463
V-1 : https://mastodon.top/@hist_myth/113347082216425581
V-2 : https://mastodon.top/@hist_myth/113387166339380166
VI-1 : https://mastodon.top/@hist_myth/113657936333616551
VI-2 : https://mastodon.top/@hist_myth/113670137956457086
VII : https://mastodon.top/@hist_myth/113817274123195462
DONC ! Dans le livre précédent, les Romains et les Samnites s'étaient un peu frittés, ce qui allait lentement mais sûrement intéresser Rome (après qu'elle a bouffé tous ses voisins) aux affaires de l'Italie du sud.
Ainsi, en 341, alors que les Romains sont de nouveau sortis en territoire samnite pour tout casser, v'là-t-y pas que des messagers viennent trouver le consul Aemilius : "Dites, on peut pas négocier ?"
Le consul les envoie au sénat romain.
"Bjour le sénat romain, font les Samnites, ça vous dirait pas qu'on soit re-potes, et que vous nous laissiez juste taper sur les Sidicini, ceux qu'on veut taper depuis le début cf. livre VII ?
– OK dac mais c'est vraiment parce que vous nous demandez", fait le Sénat.
Donc, Rome, après avoir été :
alliée des Samnites
alliée/suzeraine des Campaniens
ennemie des Samnites
redevient :
alliée des Samnites.
"HÉ !" font cependant les Sidicini, tout déconfits de se voir donnés en pâture aux Samnites.
"Si c'est comme ça, font les Sidicini, puisque Rome veut pas de nous on va aller voir les Latins !"
En effet, depuis quelque temps déjà, les Latins, "alliés" de / soumis à Rome depuis la bataille de Regillum au livre II (DEUX), ronchonnaient contre la domination romaine.
"Hey les Latins ! vous nous aidez contre les Samnites même si ça vous oppose à Rome votre suzeraine ?
– Hey les Sidicini ! Présents !
– Hey les Campaniens ! Toujours avec nous contre les Samnites même si ça vous force à vous opposer aux Romains vos nouveaux maîtres ?
– Hey les Sidicini ! On hait les Samnites on les hait on les DÉTESTE et on leur cassera la gueule même contre Rome !"
Voilà donc qu'une petite guerre régionale se mène aux portes de Rome, guéguerre dans laquelle les Samnites galèrent face aux armées latines.
Et les Samnites sont vexés.
Ils viennent donc se plaindre au sénat romain.
En substance, les Samnites demandent aux Romains de rappeler les Campaniens et les Latins à la niche.
Le sénat est très embêté.
"Flûte de zut, c'est qu'on les contrôle plus vraiment, les Latins. Répondons un truc aussi vague que la com de crise de Bayrou dans l'affaire Betharram, comment ça pourrait mal tourner ?"
– Eh bien, chers Samnites, nous interdisons aux Campaniens de se battre contre vous, quant aux Latins, rien dans nos traités ne leur interdit de se battre contre qui ils veulent.
– HÉ ! s'écrient les Campaniens, de quel droit ils nous interdisent de nous battre ?
– AH ! triomphent les Latins, ils avouent qu'ils peuvent pas nous interdire de nous battre !
– Nous, font les Samnites, on a rien compris.
En tout cas, ô miracle, voilà qu'en 3 chapitres Rome, après avoir été :
suzeraine des Latins
alliée des Samnites
suzeraine des Campaniens
ennemie des Samnites
devient :
alliée des Samnites
ennemie des Campaniens
ennemie des Latins
et menacée par une invasion express.
On se dépêche donc d'élire deux nouveaux consuls tout frais pour l'occasion, et sont alors nommés deux as, deux cadors, deux zhéros romains de la virilité mascu à en faire baver le premier muskiste venu :
[musique de fond : https://www.youtube.com/watch?v=gw5vAd5icAg ]
> PUBLIUS DECIUS MUS, le gaillard qui vous a sauvé une armée romaine d'un guet-apens dans le livre VII ;
> TITUS MANLIUS TORQUATUS, le héros de notre livre VII, ex-fils bourrin pas trop respectueux des institutions et ex-vainqueur de géant gaulois.
"Tout de même, songe le sénat, les Latins sont nos alliés depuis 6 livres maintenant, on ne va pas les étriper sans discuter un peu. Convoquons-les, pour voir si nos différends ne peuvent pas s'arranger."
Deux préteurs latins sont alors convoqués au sénat romain : Lucius Annius Setinus et Lucius Numisius Circeiensis.
Annius et Numisius sont, on le verra, plutôt des grandes gueules, et ils ont déjà persuadé plein de cités latines et aussi les Volsci de rejoindre la rébellion anti-Rome.
Avant de partir à Rome, Annius livre un petit discours devant l'assemblée des Latins, selon l'habitude de Tite-Live d'ouvrir et finir chaque livre par un morceau de rhétorique.
Et Annius prononce un discours pour la l'égalité des peuples. Les Latins sont les alliés de Rome depuis 6 livres, merde ! Ils ont participé à toutes les guerres romaines ! Ils veulent des droits égaux ! Non, non, non à la discrimination !
Forts de ces idées nobles, Annius et Numisius vont "négocier" avec le sénat.
Ils arrivent au sénat, et devant tous Lucius Annius Setinus déclare :
"Sénateurs de Rome, c'est quand même pas trop tôt que vous nous receviez, maintenant qu'on est égaux en force à votre petite cité, là. Vous savez quoi ? On va être sympa avec vous, et faire des concessions. On fusionne nos deux peuples, le sénat est 50% romain 50% latin, un des deux consuls sera latin, et de notre côté, on accepte de se faire appeler Romain. Deal ?
– ...
– Deal ?
– ...
– Consul Titus Manlius ? Deal ?
[la suite après mon repas tardif] [je vous laisse sur un cliffhanger, je sais]
Annius doit quitter le sénat en courant sous les imprécations des Pères invoquant les dieux, et la légende veut qu'en sortant et en se moquant de Jupiter protecteur des traités il ait trébuché et se soit ramassé tête la première, certaines traditions ajoutant qu'il serait mort sur le coup.
Mouais. Mouais. Y a pas masse de vernis mythique sur la propagande, là.
Titus Manlius est en tout cas parti pour la castagne, et une armée samnito-romaine part affronter l'alliance Latin/Campaniens/Sidicini.
Les deux armées sont postées près de Capoue, et la bataille est prévue pour dans très bientôt.
Soudain, pendant la nuit, les deux consuls font un rêve. Le même rêve.
À savoir, un type très grand, très classe, une divinité sans doute, déclarant:
"Les morts et la Terre réclament le sacrifice du chef d'un des camps et de l'armée de l'autre... Si un commandant voue les armées ennemies et sa propre vie aux dieux des morts, son camp aura la victoire... toire... toire..." [échos de voix prophétique]
Au réveil, les consuls font un petit sacrifice avec lecture d'entrailles de vérification, car c'est toujours un bon protocole de double-checker les prodiges. Pas de bol, les entrailles confirment : les dieux réclament l'annihilation soit d'un des consuls (ce qui apportera la victoire), soit de l'armée romaine (et donc défaite).
Les consuls prennent alors cette décision :
Le premier à galérer lors de la prochaine bataille se vouera aux dieux infernaux, maudissant ainsi l'armée ennemie.
En attendant, pas un mot aux soldats. Et d'ailleurs, discipline de fer pour tous dans le camp romain. Parce que bon, en face, on a les Latins, ils ont guerroyé avec Rome pendant des pages et des pages de prose latine, ils connaissent tout de Rome : l'armement, l'entraînement, les tactiques, le surnom choupidou du 2e centurion à gauche. Ils sauront profiter de la moindre erreur.
Titus Manlius Torquatus interdit donc à tout soldat de se battre sans ordre des consuls, sous peine de MORT.
Or qui était de service parmi les éclaireurs à cheval de l'armée du consul Torquatus ?
Le fils du consul Torquatus.
Alors qu'en bon éclaireur il éclairait, il arrive tout près du camp ennemi, et boum tout à coup il tombe sur un Latin, Geminus Maecius, de la cité de Tusculum, noble, grand, fort, bogoss.
– Ho ho ho quelques pauvres Romains qui croient nous faire peur, se moque Geminus en voyant les cavaliers.
– Fi donc vil Latin, rappelle-toi la branlée qu'on t'a mise il y a 160 ans, s'irrite Torquatus junior.
– Quoi ? Quoi ? Quoi ? Tuveuxt'bat'?
– Fi fi fi ! Je suis tout courroucé de ces propos et j'aurais honte de refuser le combat et par ailleurs le destin me pousse à accepter ton défi, misérable Latin ! Aussi malgré l'ordre explicite de mon popa jeveuxm'bat' !
Torquatus junior se bat donc contre Geminus Maecius dans un petit duel prélude à la grosse bataille.
@hist_myth
Naughtius Maximus ?
D'ailleurs, à l'époque des sacrifices humains, c'était ceux qui portaient le courrier qui étaient sacrifiés pour vérifier si les augures étaient bien celles que l'on croyait.
Et on en sacrifiait un à Jupiter, et un à Mars, pour être bien sûr.
C'est l'authentification à deux facteurs, une pratique conservée jusqu'à nos jours.
Je vois que Madame a des lettres - euh des pellicules - euh ça peut être mal interprété dit comme ça - bref de la culture, quoi !
Hors sujet : tu aurais des sous-titres français corrects pour Battle Without Honor or Humanity ?
Ceux que j'avais dégottés étaient tout pourris...
(et je vois pas l'intérêt de regarder un classique japonais avec des sous-titres anglais)
(à la limite des sous-titres latins ça aurait de la gueule)
(t'as essayé, d'ailleurs ?)
@lienrag C'est une musique instrumentale ;)
Ah t'as pas vu les films correspondant ?
Je retire ce que j'ai dit alors, tu n'as pas de pellicules...
@lienrag Désolée !