Comme promis, ce soir, on continue la lecture de Tite-Live dans la joie, la bonne humeur et l'agitation tribunicienne contre l'oligarchie sénatoriale !
On a vu Rome chasser à coups de pieds dans le fondement divers autocrates confirmés ou en puissance, et se maraver tous les ans avec ses voisins. Qu'adviendra-t-il de la cité et les Volsci et Aequi vont-ils lui lâcher la grappe ? (spoiler : non)
Tite-Live, livre IV, un THREAD
Mais avant toute chose, si vous prenez en route les aventures de Rome face aux méchants tyrans et aux voisins pénibles, filez voir les épisodes précédents :
> Livre I ép. 1, les rois c'est top cool : https://mastodon.top/@hist_myth/112792214027813066
> Livre I ép. 2, les rois c'est naze en fait : https://mastodon.top/@hist_myth/112831548405415415
> Livre II ép. 1, grève générale ! https://mastodon.top/@hist_myth/112916453684941402
> Livre II, ép. 2, le patriciat contre-attaque : https://mastodon.top/@hist_myth/112944904603090808
> Livre III, écrire les lois, c'est pas la joie : https://mastodon.top/@hist_myth/113101780632236224
DONC ! Votre humble servante a parcouru en détail le livre IV et, ne nous mentons pas, après les trois grosses révoltes des livres I, II et III, ce livre manque un peu de baston et autres contestations sociales. Cela tient aussi au mode de narration de Tite-Live qui raconte les événements année par année sans sélectionner les passages intéressants ni densifier. Alors oui, y a toujours une petite invasion de Veii ou des Volsci pour chasser l'ennui, mais tout de même, l'éclate n'est pas extrême.
Ca commençait pas mal pourtant.
En effet, Rome, ayant expulsé les décemvirs au livre III, s'aperçoit que dans la loi des Douze Tables de ces poutinoïdes trumpistes, les mariages entre plébéiens et patriciens étaient... interdits.
Oui. Interdits. Par la loi.
"Woooh hé ho on n'est pas une société de castes ici ! vocifère le tribun de la plèbe Gaius Canuleius. Enfin si mais bon mais ça a pas à être dans la loi ! Chaque père marie sa fille comme il veut, et le droit sacré du patriarcat ?
"Si c'est comme ça, je dépose un double projet de loi, s'échauffe le tribun Canuleius : 1/ les mariages plèbe/patriciat sont autorisés et 2/ pour les élections des consuls... il sera permis d'élire un plébéien."
Réaction tout à fait saine et équilibrée des patriciens :
"
jamais jamais jamais et tiens oh ! tiens ! Ardea pas contente de votre arbitrage en fin de livre III fait sécession ! les Volsci et Aequi veulent se battre ! CHIC UNE GUERRE !"
Mais Canuleius ne plie pas.
Puisque les patriciens prétextent la guerre pour empêcher le vote de sa loi, Canuleius empêchera les consuls de recruter les troupes jusqu'à ce qu'on la vote, une tactique utilisée par les tribuns de la plèbe depuis le livre II.
Les consuls sont tout vexés et râlent devant le sénat que les tribuns sont trop pas gentils.
En même temps, face au peuple, Canuleius organise une contre-soirée, enfin une contre-harangue, que Tite-Live nous expose au long et au discours direct pendant 5 pages.
Canuleius lance discours virtuose de 5 pages devant la plèbe !
C'est très efficace !
Les consuls essaient de répliquer avec leur attaque exclusive Excuse Pourrie !
Face à la plèbe, ils expliquent :
– Un non-patricien n'est pas d'assez bonne race pour prendre les auspices, comme doit le faire un bon consul.
– Euh... vous pouvez répéter ? fait la plèbe, fronçant les sourcils très fort.
– D'où les mariages mixtes interdits. Pour éviter les enfants *pas assez purs*.
– Queument quoi pardon ?
– Attends, s'émeut la plèbe, les mecs ils viennent nous dire qu'on peut pas prendre les auspices, genre notre RACE est pas assez PURE pour les DIEUX ?
La plèbe, furieuse à l'idée qu'on taxe Jupiter de racisme comme le premier Bruno Retailleau venu, s'enflamme jusqu'à ce que les Pères craquent et laissent passer le projet de loi sur les mariages mixtes.
Mais pour l'élection des consuls, ils renâclent, et ce n'est qu'après une lutte politique très dure qu'on atteint un compromis.
Seuls les patriciens pourront devenir consuls, oui, MAIS, on crée une nouvelle magistrature toute belle et rutilante :
le tribun militaire à pouvoir consulaire
Chaque année, sur choix du sénat, on élira soit des consuls soit des tribuns militaires avec les mêmes pouvoirs, et ceux-ci POURRONT être plébéiens !*
(* Offre soumise à la condition d'une élection des tribuns en comices centuriates, un processus pensé depuis le VIe siècle pour surreprésenter le vote des classes favorisées)
S'ensuit alors la première élection de tribuns militaires à pouvoir consulaire, des tribuns MPC allons-nous dire pour gagner des caractères. Les patriciens sont d'abord choqués, car non seulement il s'y présente des candidats plébéiens, mais ils osent faire campagne, fi, courant les places de Rome, distribuant des promesses électorales... et ce n'est qu'à contrecoeur que quelques patriciens déposent leurs candidatures. D'ailleurs, les trois tribuns MPC élus sont patriciens.
Comme par hasard.
Et de toute façon cette première élection est annulée pour vice de procédure lors de la prise des auspices, comme par hasard.
Après un petit intervalle, le Sénat décide de tenir de nouvelles élections, et puisqu'il a le choix entre consuls et tribuns MPC au menu, hmmm, dur comme choix, hmm, ce sera des consuls finalement, avec un petit verre de Château-Lafite, merci.
On se rabiboche avec Ardea, on évite la guerre pour cette année, et on passe à autre chose : créer une nouvelle magistrature.
Voyez-vous, à Rome, tous les cinq ans, les consuls étaient chargés du census : faire le recensement des citoyens et de déterminer à quelle classe électorale ils appartenaient, selon leurs revenus. Et c'était lonnnnng et chiannnnt. Aussi le sénat, pouf, un beau matin de 443, se dit : "Et si on créait un magistrat chargé du census ? On l'appellerait le censeur. Il serait en poste 5 ans. Ce serait un petit boulot sans intérêt, juste de la paperasse."
Personne n'y voyant d'inconvénient, on crée.
Et pour ce petit boulot sans intérêt, on nomme deux anciens consuls.
Hmm. Un petit boulot sans intérêt qui attire les ex-numéros 1 de Rome. Curieux. On s'en reparlera.
Après quoi, le sénat reçoit un message de la cité d'Ardea. Là-bas, une Ardéate force sa fille à épouser un Ardéate noble alors qu'elle est amoureuse d'un bel Ardéate plébéien, et l'affaire déchaîne la cité, poussant la plèbe et l'aristocratie à s'empoigner.
Que fait le sénat devant ces Roméo et Juliette antiques ?
Eh bien Rome envoie l'armée romaine POURRIR LA PLEBE D'ARDEA et forcer la FILLE à EPOUSER le NOBLE comme l'a prévu sa MERE sale môme !
Je m'en empaume la face.
Le sénat romain, dans Roméo et Juliette, il envoie ses légions à l'acte II tout raser jusqu'à ce qu'on marie Juliette avec Tybalt.
Bref. Passons vite fait sur deux-trois années, avec des luttes tribuns/consuls, le sénat qui oublie cette histoire de tribuns MPC, une petite guerre gagnée contre les Volsci, la routine.
En 440, famine.
Eh oui, en 440 les récoltes de blé furent catastrophiques, un désastre que Tite-Live attribue, sans vergogne, en partie à la politique : tous ces plébéiens qui s'occupent des affaires de la cité, hein, ils s'occupent plus du blé ! (mon facepalm doit résonner par-delà le cosmos) La plèbe nomme alors un magistrat chargé du ravitaillement, Lucius Minucius. Minucius se démène pour acheter du blé aux voisins et rationner l'existant, mais galère. Et pour quoi? A cause d'un type. Spurius Maelius.
Spurius Maelius a deux choses : de l'ambition, et de la thunasse. Ce qu'il n'a pas, en revanche, c'est le statut de patricien pour choper le pouvoir. Mais qu'importe. Il va s'occuper de cette famine. Il allonge son oseille pour s'acheter du blé. Il stocke et stocke et accapare (pourrissant les efforts de Minucius), puis, devant la plèbe émerveillée, fait d'énormes distributions de blé aux nécessiteux. Sous-entendu : en échange d'aide... le moment venu. Wink wink nudge nudge.
Bientôt Spurius Maelius s'attire une armée de fans inconditionnels aussi bornés que ceux de Musk. Mais que veut-il ? se présenter au consulat ? Il n'est pas patricien, et pas d'élections de tribuns MPC en vue. Jusqu'à ce qu'un jour, au sénat, boum, révélation : Minucius dévoile que Maelius prépare un coup d'État pour se faire roi de Rome.
– ROUAH ? beugle le sénat avec un frisson d'horreur devant cette prétention horrible. VITE il faut protéger notre liberté en nommant un dictateur !
À nos oreilles modernes cela semble peu logique, mais jà Rome un dictateur est un magistrat spécial qui a tous les pouvoirs pour une durée super limitée et une mission précise.
Là, pour mater Spurius Maelius, on nomme le Patricien Pur Jus Pétri de Rigueur Morale(TM) Lucius Quinctius Cincinnatus.
Le type qu'on était allé chercher dans son champ au livre III.
– Mais je suis trop vieux pour ces conneries, ronchonne Cincinnatus, cependant il accepte, et nomme pour second Gaius Servilius Ahala.
Le lendemain, Cincinnatus, 80 ans, descend au forum avec Ahala.
La plèbe s'étonne. D'où on lui a dépoussiéré ce vieux schnoque rigide comme la mort ?
– Ahala, fait Cincinnatus, va me chercher Spurius Maelius.
– Spurius Maelius, dit Ahala au philanthrope richard et monarchiste, le dictateur veut te voir.
– Me voir ? Pourquoi ?
– Pour te défendre de l'accusation de Minucius.
– Quoi mais comment mégérienfésépajuste je veux pas j'irai pas J'IRAI PAS ouiin, réagit très sereinement Spurius Maelius.
– Dictateur, fait Ahala, j'ai tué le rebelle qui cherchait à faire se mutiner la foule.
– Très bien, tu as sauvé Rome et tout ça, fait Cincinnatus, rentrons, je prends une camomille et j'abdique.
Bon, en vrai, dans le texte, Cincinnatus doit se fendre d'un petit discours pour ramener le calme parmi la plèbe furieuse de cette justice expéditive, discours pendant lequel il argue que non seulement Maelius voulait tyranniser Rome, mais qu'il était même pas de bonne famille, fi.
Le meurtre de Maelius a fait repartir les tribuns de la plèbe comme en 40 (ou en 445), et ils font pression pour obtenir des tribuns MPC cette année au lieu de consuls. Si une petite année Rome a donc des tribuns MPC (tous patriciens encore, parce que suffrage censitaire), arrive, devinez quoi ? Une guerre. Une grosse baston contre la ville étrusque de Veii, mais aussi Fidenae, colonie romaine, et Falerii, deux villes que Veii a gagnées à sa cause.
– Faut donc des consuls, impose le sénat.
Les consuls se révèlent cependant décevants à la guerre, ce qui amène le sénat à créer un dictateur, une baston a lieu contre les troupes de Veii menées par leur chef Lar Tolumnius, Cossus un Romain patricien et cossu fait des trucs braves et beaux et rapporte des dépouilles opimes.
Deux années plus tard, en 434, Rome conquiert Fidenae, ce qui douche un peu la ville de Veii ; elle appelle à l'aide les autres cités étrusques, qui lui répondent que ses problèmes ne sont pas leurs problèmes.
– Bon, ben alors, on fait pas la guerre à Rome si c'est comme ça, soupire Veii.
– Oh, ben alors, on va pas faire la guerre à Veii si c'est comme ça ? s'étonne Rome.
Car en ville, on était parti pour fesser Veii : on avait même nommé dictateur Mamercus Aemilius. Celui-ci est triste de ne rien faire de sa dictature. Alors, pour compenser, il décide de s'en prendre à la nouvelle magistrature préférée des patriciens : la censure.
Assez vite, le poste de censeur avait attiré l'intérêt des Pères.
Parce que faire le recensement, c'était aussi l'occasion de le "corriger" en déplaçant les désirables et indésirables d'une classe électorale à l'autre, et en comptant différemment les impôts. Le censeur concentrait les pouvoirs du fisc et du gerrymandering ! Et il était en poste 5 ans !
Mamercus Aemilius déclara hautement que 5 ans c'était trop, et, soutenu par la plèbe en délire, il porta une loi réduisant la censure à 1,5 an.
La loi fut approuvée à une majorité écrasante...
... et les censeurs "corrigèrent" aussitôt le statut de Mamercus en l'inscrivant dans une catégorie privée de droit de vote et en octuplant ses impôts.
Parce que, disaient-ils, Mamercus avait affaibli une magistrature du peuple romain.
Leur magistrature.
Le sénat fit collectivement "gloups" et prit bonne note du pouvoir des censeurs.
Après quoi, Pères et plèbe continuèrent leur bras de fer pour savoir s'il fallait élire des consuls ou des tribuns MPC.
Grosso modo, dès qu'ils sentaient que la plèbe pouvait gagner le poste de tribun MPC, le sénat trouvait plein d'excellentes raisons de préférer faire élire des consuls. Sinon, il laissait pisser.
Cette année 431, une attaque des Aequi et des Volsci, ou comme on dit à Rome, un jeudi, leur fournit l'occasion de préférer les consuls.
C'est que les ennemis ne chômaient pas. Recrutant en masse, ils foncèrent occuper une hauteur de la région : le mont Algidus.
Le sénat se met à flipper fort, d'autant que cette année, les consuls se chamaillent, ce qui fout le boxon, et donc on décide de nommer un dictateur pour balayer Aequi et Volsci.
Cependant, qui nomme le dictateur ? Les consuls.
Et qui n'avait pas envie de nommer un dictateur et perdre leur pouvoir ? Les consuls.
La situation était si bloquée que, paradoxalement, le sénat doit faire appel aux tribuns de la plèbe pour qu'ils forcent les consuls à nommer un dictateur. The irony.
Mais enfin, on nomme au poste suprême un certain Aulus Postumius Tubertus, qui recrute à tout-va, et le dictateur plus un consul foncent sur le mont Algidus pour casser des Volsci et Aequi.
Les préparatifs de bataille semblent hors normes. Il y a 4 armées, 2 ennemies, 2 des Romains, 4 camps militaires, qui s'escarmouchent dans tous les sens.
Les Volsci et Aequi n'ont pas très envie, dans ces conditions, d'une bataille rangée.
Et viennent de nuit agresser le camp du consul romain.
Mais les hurlements des Romains qu'on attaque réveillent vite et le camp du consul, et celui du dictateur !
Et tout ça dégénère en bataille complète avec manœuvres de nuit, remanœuvres à l'aube, décisions du dictateur belles et bonnes et efficaces #propagande !
La bataille se déploie, et les Romains envoient fort, ils vont gagner, rien ne peut les en empêcher !!! ah, si. Une harangue d'un personnage secondaire.
Vettius Messius, plébéien volsque, motive ses camarades et relance la baston.
A lui seul. Le pouvoir de la rhétorique.
Et les Romains sont blessés de partout, le consul perd un bras, le dictateur se fait charcuter l'épaule, mais enfin, dans un dernier assaut épique, les Romains se jettent sur le camp des Volsci ; le dictateur a même ce truc des généraux antiques qui consiste à prendre le drapeau d'une compagnie (drapeau à protéger de ta vie et si tu rentres sans c'est honte éternelle sur ta tête) et à le jeter dans l'armée ennemie pour que ses hommes la chargent.
Enfin, enfin, enfin les Romains remportent cette bataille du mont Algidus de 431, mettant un terme àux tentatives des Aequi et des Volsci.
Pour 7 ans.
C'est déjà ça.
Mais heureusement, les autres voisins de Rome ne laissèrent pas la ville souffler trop longtemps, et Veii, la cité étrusque, repartit pour un tour dès 427.
Et dès 426, Veii avait réussi, encore, à se concilier Fidenae, la colonie traîtresse de Rome.
À Rome, flûte ! On vient juste d'élire des tribuns MPC.
Les tribuns MPC étaient désorganisés et pas d'accord entre eux, ce qui, affirme Tite-Live, permit à Veii de remporter une petite victoire. Vexé, les Romains nomment un dictateur, qui les engueule d'avoir peur de Veii, et repartent à l'assaut. Cette fois, la bataille se fera devant Fidenae.
Rangement des armées, harangue du dictateur aux troupes, et début d'une baston acharnée où les Romains tapent les Véiens en insultant leurs mères.
Soudain, en pleine maravade, surprise !
De Fidenae sortent des troupes immenses, portant des flambeaux pour les jeter sur les Romains !
Les Romains décontenancés reculent.
– Quoi ! beugle le dictateur, vous avez peur de la fumée maintenant ? Vous êtes des abeilles devant un apiculteur ? Allez les cramer eux !
Galvanisée, la cavalerie charge alors l'ennemie en débridant ses chevaux, la fumée et la flamme disparaissent dans la poussière, les Véiens se débandent, se font massacrer ou se jettent dans le Tibre tout proche. Victoire !
Après ce combat en son et lumière, les Romains s'emparent à nouveau de Fidenae, la pillent joyeusement et emmènent sa population en esclavage. Le fun à la Romaine. De retour à la ville, le dictateur abdique et les tribuns MPC de l'année font célébrer des jeux où ils accueillent fastueusement les étrangers avec la prodigalité d'Anne Hidalgo dans la fan zone de l'Hôtel de Ville. L'éclate.
Mais les luttes patriciens/plébéiens n'étaient pas finies à Rome, ramenées par chaque période électorale.
En gros, chaque année, le sénat choisissait entre consuls et tribuns MPC, ce qui amenait des contestations ; et quand bien même, c'étaient toujours des patriciens qui étaient élus.
– Mais, pleuraient les tribuns de la plèbe avec le désespoir d'un responsable socialiste, comment se fait-ce qu'on défende la plèbe, mais qu'elle vote pas pour nous ?
Ils essayèrent bien de captiver l'électorat en parlant de lois agraires...
... mais le sénat, sentant que ça pouvait amener l'élection de plébéiens, trouva un moyen de les éloigner pour viteuf faire élire des consuls cette année-là. Une idée d'Appius Claudius, fils de celui du livre III, et comme tous les Claudii un réac de la plus belle eau, crachant sur les plébéiens comme il respire.
En 423 donc, Rome se retrouve gouvernée par deux consuls, Gaius Sempronius et Quintus Fabius.
C'est à ce moment que les Volsci décidèrent d'attaquer Rome, pour la tradition.
(Y a un stade où j'admire la persévérance des Volsci et Aequi, je pense, à se faire bouillaver tous les ans par Rome et à y revenir quand même l'année d'après.)
Là, cette fois, les Volsci ont pris du poil de la bête ; ils ont recruté le ban et l'arrière-ban, ils donnent tout ce qu'ils ont.
Le consul Sempronius, chargé de les mater, fait en haussant les épaules : "Boarf, c'est les Volsci, on les bat tous les ans pour se détendre, ça va gazer", et lance une bataille qui tourne au désastre.
Les troupes romaines reculent de partout, Sempronius les engueule mais ça ne sert à rien, on reflue, on va perdre, sans l'intervention miraculeuse d'un cavalier, Sextus Tempanius. Un plébéien ? Tite-Live nous dit que c'est un décurion, donc pas un très puissant. Un patricien ? Tite-Live nous dit que c'est un cavalier, ce qui implique un haut rang dans la société. En tout cas, Tempanius crie à ses camarades de mettre pied à terre et de remplacer l'infanterie qui plie. Et ils sauvent la mise.
Cependant le chef des Volsci, malin, ouvre les rangs et laisse passer la troupe des cavaliers-devenus-fantassins, la séparant de l'armée mal contrôlée par le consul ! C'est un peu la confusion, ce qui ne s'arrange pas avec la tombée de la nuit.
– C'est un désastre, on a perdu, se lamentent les Romains rassemblés autour du consul, et ils quittent leur camp la nuit.
– C'est un désastre, on a perdu, chouinent les Volsci, et ils désertent leur camp la nuit.
En abandonnant les blessés.
Seuls Tempanius et ses suiveurs gardent leur sang-froid, et attaquant le camp des Volsci, ils s'aperçoivent... qu'il est vide ; retournant vers le camp romain, ils s'aperçoivent... qu'il est vide. Marmonnant sûrement "mais quels cons", Tempanius décide de rentrer à Rome au plus vite, en embarquant les blessés abandonnés par son chef.
Il arrive à Rome, où on avait entendu parler d'une défaite, et où on croyait à l'annihilation de l'armée. Et Tempanius est accueilli en héros.
[la suite probablement demain !]
Cependant, les tribuns de la plèbe se frottaient les mains.
Pour eux, la défaite du consul Sempronius tombait à pic, car ils venaient de lancer une campagne juridique contre d'autres patriciens et c'eût été l'occasion de pointer le consul du doigt et de bramer : "Tous des pourris ! on vous l'avait dit !"
Aussi les tribuns de la plèbe interrogent-ils Tempanius :
– Dis-nous, ô héros brave et courageux et classe, que penses-tu de ton chef le (bouh-pas-bien-vas-y-crache-dessus) consul Sempronius ?
Et les tribuns de poser toutes sortes de questions amenant sur la personne du consul des remarques désobligeantes.
Mais Tempanius, il joue collectif. Il dit pas de mal du coach.
– Vous savez moi je suis moi et le coach il est coach, c'est pas moi qui vais juger le coach, la dernière fois que je l'ai vu il faisait bien son job de coach, répond Tempanius en substance.
Les tribuns ruminent, Tite-Live applaudit ce soldat fidèle #propagande, et les menées juridiques des tribuns restent limitées.
Cependant, et ce bien que Sempronius soit arrivé à ramener à bon port sa partie de l'armée, il est dès la fin de son mandat remplacé par des tribuns MPC et menacé d'un procès par un tribun de la plèbe, qui ne renonce que parce que ses collègues font pression.
Car la plèbe a d'autres combats à mener.
On est en 421 et le sénat s'avise qu'il serait bon de créer deux nouveaux postes de questeurs.
– De nouveaux magistrats ? Ce sera des plébéiens, des plébéiens ! bondissent les tribuns de la plèbe.
Réaction très mesurée des consuls et sénateurs :
–
– Si c'est comme ça on fait que vous embêter et on empêche le sénat de se réunir ! font les tribuns.
– Bon OK on dit qu'on élit les questeurs comme les tribuns MPC, concèdent les patriciens.
–Du coup on augmente le nombre de questeurs ?
– Ah non, on n'augmente plus le nombre de questeurs.
– Si c'est comme ça on dépose une loi pour augmenter le nombre de questeurs !
– Hé !
– Et une loi de partage des terres !
– HÉÉ !